La petite caravane du cousin

Het caravannetje van Toon

180501 Caravane

Tout le monde a des reliques auxquelles il tient, souvent sans raison spécifique. La mienne était "la petite caravane du cousin". Un beau jour, elle a disparu, une disparition plus ou moins provoquée, tirée du terrain, littéralement. Voici sa petite histoire, qui est, en somme, l'histoire d'un passé, d'un rêve jamais accompli. 

Caravane, chambre d'appoint, objet encombrant, symbole d'un rêve...

Le fils de mon arrière-tante Miet, originaire du sud des Pays-Bas, nous l'a apportée, un jour d'été de 1992. Je ne sais plus si c'était lui ou mes parents qui l'avaient trouvée et organisée, mais peu importe. Elle devenait "la petite caravane du cousin" ("het caravannetje van Toon") et elle l'est restée, bien après que celui-ci n'est plus venu nous rendre visite. Elle servait, ces premières années, à l'accueillir, lui pour qui un séjour à La Grosse Talle était un choix absolument incongrue, surtout défini par les liens familiaux ; visites auxquelles il repense, je l'espère, avec autant de pensées douces que nous.


Ma mère, qui est la reine de l'organisation des choses du foyer, a fait réaliser de nouveaux coussins et rideaux, bien assortis. Mais sans surprise, la petite caravane, en réalité trop petite et trop vieille - raison pour laquelle elle nous a été offerte pour commencer - ne répondait plus aux exigences de location d'un lieu qu'on voulait de standing. Elle servait alors comme chambre à coucher pour nous-mêmes lors des travaux, à accueillir le neveu qui avait besoin d'échapper à son quotidien pour quelques semaines (bien isolée au fond du champ "derrière" où il jouait sur sa guitare), et aux quelques enfants qui y ont joué, jusqu'à ce que les petites bêtes ont pris possession du lieu. Nous l'avons traîné à droite et à gauche, pour la laisser derrière le grand hangar ouvert, en dehors de notre vision, sauf pour ceux qui occupent la piscine - elle figure sans doute sur de nombreuses photos, honneur trop importante, à vrai dire, pour ce qu'elle était, mais à la hauteur de la longueur de son histoire chez nous.

Un beau jour d'été, il y a maintenant deux ans, nous avons pris tout notre courage, et avec quelques hôtes, nous l'avons vidée de ses contenus. Tout est parti sauf les coussins et les rideaux, dans l'optique de retaper la petite boîte et de l'utiliser comme "Tiny little house" à l'autre bout du champ, pour ceux qui recherchent la solitude béate dans un lieu où ils peuvent être seuls sans l'être.

La petite caravane du cousin, en somme, est le symbole de tout ce que nous aurions pu et voulu réaliser après avoir fini le nécessaire, ces idées créatives pour des problématiques non-existantes mais fondamentales à notre bien-être - le rêve pour un jour encore lointain...

Als een dief in de nacht...

Ceci ne se réalisera jamais, en tout cas, pas à travers la caravane du cousin. Cette semaine, nous avons décidé qu'elle devrait partir. J'ai succombé aux implorations, justes, c'est vrai, de mon entourage et à ce que je savais dès le début, sans pour autant pouvoir l'avouer : certains rêves ne valent pas la peine et en cachent d'autres, plus intéressantes. C'est probablement l'effet des nouveaux travaux en cours et à venir, dont je vous parlerai à un autre moment !


Enfin, nous avons garé la petite caravane du cousin hier, en fin d'après-midi, le long du champ, à son entrée, en-dessous les arbres, parmi des fleurs sauvages et des fleurs jaunes comme arrière-plan. Nous nous sommes dits encore : ce serait une bonne idée d'y mettre un papier, que la petite caravane du cousin était à prendre, gratuitement. Ce ne fut pas nécessaire : elle n'y était plus ce matin, disparue, tirée du champ - car elle n'avait plus de roues :-). Et pour les coussins - mon cher mari est content que ceux-ci ont également disparus. Allez, c'est le printemps, on nettoie. Le seul regret est de ne pas savoir où elle est passée et où elle ira. Et l'étonnement concerne plutôt celui qui s'estime accordé le droit de la ramener, comme un voleur dans la nuit. Elle sera certainement vouée à l'oubli, mais pas dans nos coeurs.