Dans la série portraits : Pierre, en route pour Compostelle (en vélo)

Dans la série portraits : Pierre, en route pour Compostelle (en vélo)

C’est la deuxième fois que Pierre vient dans un camping gardé par des néerlandais, et il les apprécie beaucoup. Il se demande comment les néerlandais choisissent leurs campings: par un guide spécial ? Il voudrait bien obtenir un tel guide. Je lui donnerai mon ancien guide ‘Kleine campings in Frankrijk’ de l’ANWB. Pour qu’il revienne et pour lui faire découvrir d’autres campings tenus par nos compatriotes :-). Il va falloir dépoussiérer un peu son néerlandais, mais bon, ils ont presque tous un site web, ces néerlandais :-).

Pourquoi il trouve les campings des néerlandais aussi agréables ? Première remarque après son arrivée : ça se voit, car vous avez des trucs spécialement pour les enfants, des jouets en accès libre. Des vélos, des jeux, qui sont disponibles et que tout le monde peut utiliser à son gré, sans que cela soit contrôlé. C’est drôle, car c’est en effet une des choses qui est culturellement différente : les néerlandais travaillent sur la base de la confiance et non sur la base de contrôle…

Qu’est-ce que Pierre vient faire sur le Chemin de Compostelle ? Tard le soir, avec un verre de vin, il me raconte son histoire… Il vit et travaille à la Ville de Saint-Omer, qu’il aime beaucoup, de part son histoire et son patrimoine exceptionnels. Une ville qui a été fondée par des moines, quand elle se trouvait encore de l’autre côté de la frontière. C’est ce qui a fait sa richesse : très longtemps, Saint-Omer, ville flamande, est restée ville frontalière. Et comme Bruges, elle avait accès à la mer. Saint-Omer est en quelque sorte la petite soeur de Bruges. Ce qui a provoqué son histoire c’est qu’il a travaillé pour son diplôme d’architecte (1993) sur un site où il y a une abbaye Cistercienne qui était un lieu de pélérinage au Moyen Age. (Sorde l’Abbaye, dans Les Landes).

Comme elle était en ruine, son projet était de concevoir une nouvelle abbaye sur le site, juste à côté. Il l’a fait avec un moine, frère Aimable, de l’abbaye cistercienne le plus nord de la France, l’Abbaye du Mont Des Cats, au Mont des Cats. Par le voyage, Pierre veut relier les deux mondes, du nord et du sud ouest de la France.

La raison moins officielle, ou plus profonde, c’est quoi ? Il le fait de façon autonome, mais il a besoin des autres. Ayant du mal à demander de l’aide aux autres dans la vie au quotidien, il doit s’efforcer d’aller à la rencontre des autres pour avancer, pour vivre, sur le chemin comme dans la vie. Il aime le silence, une certaine solitude, la campagne française, se contenter de peu de choses pour avancer, se débarasser de tout ce qu’il encombre, mais il aime aussi le rencontre, aussi difficile qu’elle soit parfois.

Alors, il quitte famille et boulot une semaine par an, pour se frotter à cette autre existence. Sauf l’année dernière, quand il l’a fait avec un des ses fils, une autre façon de faire le chemin. Il voulait faire Peking Express, mais son père l’a séduit à vivre cette expérience avec lui. Expérience concluante ? Sur le moment, pas forcément. Mais rétrospectivement, certainement !

Et nous, à La Grosse Talle, nous aimerions bien les acceuillir tous au camping, pour une autre sorte de retraite et découverte :-).